top of page

ACTUALITÉS

Un nouveau roman historique  est en route...
Voici un extrait!

 

         

          Alsace, an 774

 

         ... Adalric se rua dans l’escalier de bois et galopa jusqu’au dernier étage de la tour. Il claqua la porte contre le mur de bois et se rua dans la pièce comme s’il s’attendait à trouver un groupe d’ennemis. Son regard balaya la chambre de sa fille, vide. D’épaisses toiles blanches huilées occultaient les ouvertures d’où l’on pouvait voir la plaine d’Alsace en été. Les rafales hivernales les faisaient onduler férocement, comme pour les arracher. Des vents coulis se glissaient, attisant les braises de la cheminée. Un lit étroit en planches recouvertes d’une paillasse et d’une couverture trouée occupait un pan de mur. En face, un coffre servait de rangement, de table et de siège à la fois. C’était tout. Chimnehilde le rejoignit. C’était une femme de petite taille, encore belle, blonde et ronde, qui se tenait très droite et portait le menton haut quand elle ne faisait pas attention, ce que certains prenaient pour un air de noblesse, mais qui dénotait surtout un grand désir de se sentir supérieure. La reine pouvait par contre afficher un visage amical et doux devant les grands du royaumes. Pour l'instant, elle observait avec mépris la misérable pièce traversée par les courants d’air glaciaux.

          — Qui habite ici ? demanda-t-elle.

        —Ma fille, répondit sombrement le duc. Je l’ai eue jadis avec une servante de bas étage.
         Une exclamation outrée sortit de dessous le lit. Comme piqué par une guêpe, le duc se pencha et extirpa une jeune fille à l’aspect sauvage.
         — Que fais-tu là-dessous ? gronda-t-il.
         — Je… je faisais une petite sieste.
         L’expression furieuse de son père fit rougir la jeune fille derrière la masse de cheveux marron en broussaille qui dissimulait une partie de son visage. Seul l’éclat acéré des yeux clairs entraperçu à travers les mèches laissait deviner une intelligence vive chez cet être brut, frustre en apparence, revêtu d’une cape en peau de lapin mitée comme celle des miséreux qui vivaient dans la forêt.

          Bruni adorait autant qu’elle craignait ce redoutable seigneur, cruel comme la plupart des hommes de l’époque. Adalric était mince et grand, avec un long visage maigre tourmenté bordé d’un collier de barbe. Ses cheveux, de cette terne couleur que la plupart des enfants blonds prennent à l’âge adulte, raides et épais, faisaient comme un toit de paille au-dessus de sa tête. Un cercle de métal posé dessus empêchait la frange de retomber devant ses yeux. Il portait une courte tunique tissée de losanges jaunes, sur des braies de belle laine tenues aux mollets par des lanières de cuir entrecroisées. Une longue épée pendait à son côté. Il l’avait nommée Brise-Crâne.

          Chimnehilde toisa cette sauvageonne, heureuse qu’elle ne soit pas admise dans les appartements familiaux. Ses yeux parcoururent la mansarde misérable. Cette fille n’avait pas à se plaindre, se dit-elle, elle bénéficiait d’un beau foyer en pierre pour se chauffer. C’était plus qu’elle aurait accordé elle-même à une bâtarde ! Soudain, la reine aperçut le petit trou percé au fond de la cheminée. Elle s’écria, tendant un index boudiné accusateur :

          — Regarde ! Elle nous espionnait !

Le duc écarquilla les yeux. Il n’avait jamais imaginé que quelqu’un pût l’entendre dans la salle de garnison. C’était toujours là qu’il donnait ses ordres les plus vils, les plus secrets. La colère lui monta à la tête et il se tourna lentement vers la jeune fille qui s’était mise à trembler.

          — Tu oses ! rugit-il en posant la main sur la poignée ouvragée de Brise-Crâne.

... à suivre

Adalric.png

Adalric, duc d'Alsace
portrait généré par IA

61dfeea7-12e2-4cd7-a46a-f2236fdb995d.jpg

Bruni
portrait néré par IA

bottom of page