Loki, dieu du mal

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Elle remarqua alors les nuages qui s’accumulaient au-dessus de la rotonde. Un sentiment d’urgence la tenaillait. Se cacher. Sans réfléchir, Lif se jeta derrière l’ange de pierre qui déployait ses ailes. À ce moment, un éclair zébra le ciel. Immédiatement, un coup de tonnerre fit trembler le cimetière. Lif se tassa, le regard rivé vers le cercle des cyprès qui s’agitaient sous les rafales. Un déluge s’abattit sur elle.  Des fissures éventrèrent le sol de la rotonde, tandis que les arbres se courbaient sous les bourrasques. Un nouveau coup de tonnerre claqua, accompagné d’un éclair éblouissant. Au milieu du cercle, immobile dans la tempête, apparut un homme gigantesque. Sa tête atteignait le sommet des arbres. Il avait un visage en poire et un nez fort à larges méplats. Le plumet de ses cheveux blonds volait au vent. Il tenait une épée de glace, longue de plusieurs mètres, dressée devant lui.  Ses petits yeux balayèrent le cimetière. Son regard s’attarda sur l’ange de pierre. Lif s’aplatit, étouffant un gémissement. Elle ferma les yeux, comme si cela la rendait invisible. Rassuré par le vide de la place, le géant dressa son épée vers les nuages, et clama d’une voix qui évoquait un mammouth en rut : 

– Par les puissances des neuf mondes d’Yggdrasill*, Loki, je t’invoque ! 

Loki ? Lif se redressa, jetant un œil derrière la pierre. Elle retint un cri. Le plus beau guerrier du monde défiait le géant du regard, peu impressionné par sa taille. Il portait un casque ailé, une cuirasse et des jambières en métal. Ses yeux pulsaient une étrange couleur d’ambre, assortie à sa chevelure. Lif avait le souffle coupé devant tant de beauté.