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Extrait de

  " Un Bien Étrange Écuyer""

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Les apprentis chevaliers

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... Les jeunes gens prirent place à une table discrète et se firent apporter du vin. Le repas ne serait pas servi avant une heure. La longue chevauchée avait épuisé Emma qui n’avait pas l’entraînement de ses frères pour les exercices physiques. Elle se rendit compte combien ils l’avaient ménagée depuis qu’ils avaient quitté la maison. Un gloussement lui fit lever les yeux.

Gaston avait attrapé une servante et l’avait installée sur ses genoux. Il passait une main dans son décolleté, pendant qu’il lui embrassait goulûment le cou.

- Oh ! fit Emma.

Grégoire lui donna un coup de coude.

- Ne te fais pas remarquer ! la tança-t-il. C’est normal quand il n’y a pas de dame ou damoiselle parmi nous.

- Quoi ?!

- Allez, bois, dit Grégoire. Et fais semblant de dire quelque chose.

Emma, comme toute femme de la noblesse, avait été élevée dans un monde artificiel fait de prières, de bonnes manières et de principes de l’amour courtois. Préservées des choses de la vie, ces futures épouses seraient transmises, pures, à celui qui deviendrait leur époux. Notre jeune fille découvrait tout un pan de la vie dont elle n’avait aucune idée. Le beau Fébus lui paraissait se comporter comme le taureau dans le champ du père Matthieu. Il lui sembla soudain moins plaisant. Elle se sentait très gênée par ce comportement, et plus encore par les rires chatouillés de la fille.

- Tu le savais, toi ? demanda-t-elle à Thibert.

Celui-ci haussa les épaules. Évidemment, qu’il le savait.

- Les filles sont décidément bien simplettes, remarqua-t-il.

Emma baissa le nez sur son gobelet. Elle avait beaucoup à réfléchir.

Encore plus que ce qu’elle pensait, d’ailleurs. À peine la servante s’était-elle éclipsée dans la cuisine en coulant un regard prometteur au beau Fébus, que la porte de l’auberge s’ouvrait en grand. La plus jolie femme qu’Emma eût vue entra dans un tourbillon de voiles et de brocards. Son visage splendide était mis en valeur par un haut chapeau en cône, décoré de longs tissus légers de couleur assortie à la robe, qui flottaient derrière elle quand elle marchait. Ses cheveux étaient cachés par le hennin, mettant en valeur l’ovale délicieux de son minois. Elle se dirigea vivement vers Fébus qui échangea un regard exaspéré avec son frère. Il se leva néanmoins, et s’inclina devant elle. Enfin… il essaya, car elle s’était jetée à son cou, sans aucune honte...


 

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Ils ont lu "Un bien étrange écuyer"

 

 

Vraiment formidable... Un livre qui ne laissera personne indifférent

Sylvie

 

Emballé jusqu'à la dernière page !

Heureusement qu'il y a une suite !

Agnès Massion ... change totalement de registre mais j'ai retrouvé sa patte : la dame se permet des pointes d'humour (qui peuvent être d'un anachronisme joyeusement assuré), ses personnages ne sont jamais platement manichéens, d'un thème classique : une jeune fille devant se faire passer pour un garçon, elle tire non pas les situations archi-attendues, mais des péripéties originales et très réussies.
... écriture qui vous entraîne, décors et personnages extrêmement vivants. Un régal.

Patrickzen

 

 

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